Peintures de contes

Crédit Photos : Antonin Verrier

Peintures de contes

Gouache et crayons de couleurs/graphites, grands formats.

Ces peintures sont nées d’un projet avec mon amie Fanny Gauthier, professeur en lettres modernes. Chaque année, elle organise un concours d’écriture de contes (classiques / modernes) dans ses classes de collège. Pour le rendu final, je me charge d’illustrer le conte qui m’aura le plus inspirée.

La quête de la chèvre d’or – 30 x 80 cm, 2017 (1)              

Conte imaginé par Maxence, âgé de 12 ans. C’est l’histoire de Jacky, enfant d’une famille très pauvre, qui décide un jour de changer les choses, il part ainsi à la recherche de la chèvre d’or, qui serait capable de subvenir à leurs besoins jusqu’à la fin de leur vie. Mais il aura à braver bien des obstacles pour atteindre ce but, car la montagne des chèvres est bien gardée : des chèvres-golems qu’il terrasse à l’aide d’une épée, un dragon-chèvre dont il se protège des flammes encore une fois grâce à cette fameuse épée qui s’est miraculeusement changée en crème solaire, et enfin un troupeau de cent chèvres agitées qu’il traverse en s’accrochant à un condor opportun. Il ramène ensuite la chèvre chez ses parents et ils vécurent dans la prospérité grâce à ses ressources inépuisables.

 

Le jour où tout a basculé – 32 x 70 cm, 2018 (2)              

Conte écrit par Justine, élève de 5ème. Il était un dentiste dont la technique pour arracher les dents de ses patients était de leur faire croquer une pomme. Un jour, c’est au tour de Jeanne d’y passer, mais au moment où elle croque dans la pomme, elle tombe dans les pommes. Elle se rend compte qu’elle est devenue minuscule, et qu’elle se trouve comme par hasard dans les pommes du dentiste. Un ver de terre sort d’une d’entre elles et la conseille sur le chemin à suivre. Il lui faut récupérer sa dent, et pour cela affronter différents obstacles. Pour le premier, il s’agit de traverser le lavabo du cabinet, elle utilise un pot de compote de pommes comme navire et y parvient. Quant au second, il lui faut affronter les outils terribles du dentiste. Elle se met à voler dans la salle sans trop comprendre pourquoi, aperçoit sa dent et se réveille sur le siège comme si rien de tout cela ne s’était passé. Cette aventure lui plut tellement qu’elle devint dentiste.

 

Annie et la rose magique – 38 x 65 cm, 2018 (3)                   

Le conte d’Eva. C’est l’histoire d’Annie, petite fille dyslexique très complexée. Un jour en attendant le bus elle trouve un livre parlant d’une rose magique qui aurait le pouvoir d’exaucer autant de vœux qu’elle possède de pétales. Anna se retrouve aspirée à l’intérieur du livre. Le banc de l’arrêt de bus est devenu un radeau sur lequel elle navigue sur les flots. heureusement un bateau la repêche, elle y rencontre un capitaine amnésique, un prince et sa fée, eux aussi à la recherche de cette fameuse rose magique. Ils décident d’intégrer Annie à leur quête. Arrivés sur l’île, la jeune fille trouve la rose la première, mais au moment de la cueillir, la fée se précipite et la devance. Le prince n’avait en aucun cas l’intention de partager. Annie se réveille pleine d’amertume aux côtés de sa mère, elle s’était en fait endormie sur le banc de l’arrêt de bus. L’histoire se termine sur la phrase de sa mère : « Viens on rentre à la maison. Tu pourras me raconter ce rêve en chemin. Ah, au fait ton père à acheter un gros rosier. Tu nous aideras à le planter ? »

 

Fanny au pays de la mode – 50 x 80 cm, 2018/2019 (4)   

Conte écrit par Judith, Juliette, Jonathan, Gabriel et Tomas, en classe de 5ème. Fanny rêve devant une robe en vitrine d’un grand magasin… Elle se décide à l’essayer et se retrouve transportée dans un monde parallèle : l’intérieur insensé d’une armoire à couture. Nez-à-nez avec une grande paire de ciseaux-Roi et son armée de mini-ciseaux, un dé à coudre, des aiguilles, une bobine… De quoi perdre la raison !! Mais Fanny ne se défile pas. Elle tente de s’échapper, déchire sa robe, mais avec l’aide de quelques ustentiles, parvient quand même à la recoudre et à s’extirper de ce drôle de royaume comme une araignée de coin de placard : du bout de son fil de soie. De retour à la réalité, au moment de payer son achat, elle espérait secrètement revivre ces aventures à chaque fois qu’elle revêtirait sa nouvelle robe.

 

Il était une fois – 27 x 80 cm, 2018/2019 (5)

Conte écrit par Naiya-Déva, élève de 6ème. Lyra est une petite fille muette qui vit dans un orphelinat d’où elle n’a jamais l’occasion de sortir. Un jour elle a le privilège de passer une journée à l’extérieur : le monde s’ouvre enfin à elle pendant ce court instant. Le soir elle fait un rêve étrange dans lequel elle s’envole sur le dos d’une créature aux plumes d’or : un griffon cracheur de feu. Il l’emmène sous une coupole de verre, où elle trouve une épée d’opale et un mot d’un certain Hartor qui la supplie de sauver La Cosmos, un pendentif dérobé par Magistral. Elle eût à peine le temps d’y réfléchir qu’un troupeau d’orignaux furieux s’engouffrent dans la pièce têtes baissées. Le griffon crachant des flammes, Lyra maniant l’épée comme elle peut, ils en sortent vainqueur et s’envolent vers l’Est pour vaincre leur ennemi. Ils traversent les interminables vallées mortes, lorsque Lyra fait l’erreur de s’éloigner de son ami… Elle sent le sol se dérober sous ses pieds et tombe dans une grotte face à Magistral. Il l’attaque sans pitié. Elle se trouve bien sotte de s’être lancée dans cette aventure sans réfléchir aux conséquences. Mais elle n’abandonne pas. Elle cingle l’air avec sa lame d’opale et frappe. Un bruit sourd résonne et quelque chose roule à terre : le pendentif ! Elle ramasse la Cosmos, c’est Hartor qui apparait à ce moment précis et d’une voix incrédule il lui dit : « Lyra ? Tu as réussi ? Tu nous as sauvés ? ».

 

Jason et la page perdue – 23 x 53 cm, 2019/2020 (6)

En entrant dans une bibliothèque, Jason vit un livre tomber d’une étagère. En s’en approchant, il se rendit compte qu’il étais ouvert à une page déchirée, et se retrouva aspiré à l’intérieur… dans un monde merveilleux. Enfin, presque : il se réveilla surtout ligoté à un arbre et entouré d’indiens. Ils finirent par le libérer et lui firent voir la grotte où plusieurs de leurs ancêtres étaient peints. Il eut pour mission de retrouver la page que Nilsimamatine avait dérobé pour faire de la magie noire et détruire le monde. Azur la fille du chef du clan l’accompagna. En chemin, les pièges étaient partout : Jason se fit mordre par un serpent mais heureusement, Azur, très douée en médecine, trouva les plantes nécessaires pour le soigner. Elle utilisa aussi sa force pour appeler des oiseaux qui allaient les guider jusqu’à la grotte du maléfique Nilsimamatine. Ils arrivèrent dans son repère et le virent en pleine préparations dans son chaudron : ils profitèrent de cet instant pour récupérer la page volée. Ils s’enfuirent de la grotte et s’élancèrent dans une course poursuite au beau milieu de la jungle… poursuivis par Nilsimamatine ! Heureusement, les indiens chevauchant des autruches leur vinrent en aide : l’un d’eux jeta un arc à Jason qui décocha une flèche en plein coeur de Nilsimamatine. Les indiens poussèreent un cri de guerre qui se transforma petit à petit en sonnerie d’école. Jason se réveilla allongé par terre, le livre entre les mains. Mais quelque chose le perturba : la page manquante était revenue à sa place

 

Les Incroyables Aventures de Samuel et Sarah – 31 x 50 cm, 2019/2020 (7)

Pour trouver le sommeil, Sarah et Samuel regardaient les logements illuminés dans la nuit. Un soir, ils sentirent une violente secousse et atterrirent dans une forêt. Au loin les montagnes flottaient, la terre était blanche, parsemée d’herbe rouge. Une silhouette les espionnait, ils se lancèrent à sa poursuite. Après avoir perdu sa trace, Samuel repassait dans sa tête tous les éléments bizarres de cette course poursuite : un asticot mexicain de la taille d’un homme qui préparait des fajitas, une autruche zébrée et beaucoup d’autres animaux de taille et de couleurs différentes. Ils croisèrent ensuite une colonie de poussins boy-scouts : « Comment t’appelles-tu ? Demanda le garçon – TERMINATOR !! ». Samuel et Sarah s’enfuirent jusqu’à tomber sur un panneau indiquant la ville de Foodland où les habitants y étaient des aliments, qui n’avaient qu’une envie : dévorer les deux nouveaux arrivants. Heureusement, la colonie de poussins boy-scouts barra la route aux donuts, cupcakes et autres pâtisseries. Un homme déguisé en sushi s’adressa aux enfants : « Vous l’avez échappé belle. Je m’appelle Emerick et vous ? ». Au même instant, une voix effrayante retentit : « F BEER I ! Rendez-vous sinon on vous fait boire la tasse ! ». Emerick sortit alors de sa poche un objet qu’il secoua et jeta à leurs pieds : une fumée orange parfum sucre d’orge brouilla la vision des agents et ils en profitèrent pour déguerpir. Sur la route, Emerick leur expliqua comment s’enfuir de ce monde. Il fallait tout d’abord traverser un labyrinthe-supermarché, dans lequel ils se firent attaquer par une multitude de cuvettes de WC, de la vaisselle, et croisèrent même des fauteuils jouant au poker, ils bifurquèrent à droite et s’en éloignèrent le plus possible. Heureusement Emerick était décidément bien équipé : de sa poche il sorti un chewing-gum qui, lorsqu’il la jeta en direction  des ustensiles de cuisine, se déplia en une barbe à papa-filet ! « Quel rêve étrange … » dit Sarah à Sam au réveil. Arrivés dans l’établissement scolaire, ils croisèrent un professeur qu’ils ne connaissaient pas, mais qui ressemblait fortement à Emerick.

 

Histoire de deux sœurs – 31 x 45 cm, 2022/2023 (8)

Imaginer l’un des contes des Mille et une nuits que Shéhérazade prend soin d’inventer chaque soir pour le roi Chahriar, devenu fou après avoir été trompé par son épouse : il décide alors d’épouser chaque jour une nouvelle femme, pour finalement la tuer à l’aube… Shéhérazade se sacrifie donc non seulement au nom des femmes mais aussi de l’humanité toute entière, dans le but de contrer ce récit destructeur, entre haine et vengeance. Pensées avec l’aide de sa sœur, ses histoires sont au contraire tissées avec créativité, flexibilité et soin. Ses armes d’émancipation à elle sont culturelles et intellectuelles : c’est son statut social privilégié qui lui permet de relever ce défi, pour celles qui n’en ont pas les moyens.

L’histoire de Camille, Julia, Ninon et Raphaël commence dans une citadelle en Chine, au milieu d’un grand désert où vivent le grand vizir, fort angoissé par la mort de son épouse, privant ainsi ses deux filles – l’une coquette, l’autre rusée –  de toute liberté, hormis l’accès à la grande bibliothèque du palais : « vous trouverez ici toutes les choses à connaitre sur le monde extérieur, leur disait-il, il ne peut rien vous arriver de bien dehors. ». Jusqu’à ce que la rusée ne découvre un livre sur le « pays au croissant de lune », lieu où tous les rêves se réalisent. Elles décident de s’y rendre pour devenir quelqu’un d’autre que les « filles du grand vizir », s’équipant alors d’un flacon de parfum ensorcelant et d’un poisson magique légué par leur défunte mère. Le premier leur permet de détourner l’attention des hommes de mains de leur père pour sortir de leur prison, tandis que le second – après avoir été aspergé de parfum pour grandir – leur servira de destrier pour voguer de monde en monde. Le premier arrêt se fait sur la « terre aux mille couleurs d’or », où la surface de l’eau trouble mais brillante du lac attire l’attention des jeunes femmes. Elles y voient un briguant y prononcer des paroles incompréhensibles, faisant remonter d’entre les profondeurs et la vase un escalier de pierre. Quelques minutes plus tard, il remonte trempé, mais les bras chargés d’objets précieux. À son départ, l’escalier disparait sous la surface comme s’il n’avait jamais existé. Le jour suivant elles reviennent et la sœur coquette, plus douée en magie, se charge de se remémorer les formules pour accéder à la grotte sous-marine avec l’aide d’un soupçon de parfum magique : « parfum, aide-nous à découvrir ce secret aussi bien gardé aux yeux de tous ». L’effet du parfum ne se fait pas attendre et des paroles bien plus anciennes sortent de sa bouche : « antrum mille prodigiorum, intromittan domum tuan, et maxime secreta tua in conspectu alienorum
tuorum sint (grotte aux mille merveilles, laisse-moi entrer en ta demeure, et surtout garde bien ton
secret aux yeux des inconnus de ton existence)
. ». Elles s’emparent de quelques joyaux et de pièces, la cadette se jurant qu’il ne s’agit que d’un emprunt provisoire pour parvenir jusqu’au pays au croissant de lune. L’escale suivante se fait à « la Terre noire », le temps de reposer le poisson magique. Mais à peine ont-elles poser le pied à terre que deux béliers noirs comme l’encre et hauts de deux mètres foncent à leur rencontre. Après une lutte acharnée, la rusée se saisit d’un des joyaux dont le rayon du soleil vint frapper la surface et aveugler instantanément le dernier adversaire. Il est temps de filer. Après un long périple et quelques escales pour s’approvisionner, les deux jeunes filles arrivent enfin au « pays au croissant de lune ». Ici, elles pourraient devenir quelqu’un d’autre que les « filles du grand vizir ». Mais n’avaient-elles pas déjà compris qu’elles étaient devenues quelqu’un d’autre car le voyage n’est-il pas plus important que la destination ?