Masculin

Crédit Photos : Antonin Verrier

Masculin

Dotwork (rotring), 30 x 30 cm, 2017

Ces illustrations, entièrement réalisées au dotwork (technique point par point permettant un travail sur la lumière, très courant dans le tattoo), tendent à bousculer des idées reçues assimilés à la masculinité dans une bonne partie des sociétés humaines. À travers ces cinq comportements sexuels et amoureux animaliers – parmi tant d’autres – sortant de l’hétérosexualité normative, on se rend vite compte que la nature fait preuve de créativité et ne se limite guère à des cases. En effet, la construction de la masculinité se base sur différents piliers auxquels il faut savoir se tenir si l’on veut être un « homme, un vrai ». Cela a cependant diverses conséquences néfastes : une pression non négligeable, de la répression émotionnelle pouvant entraîner des pathologies diverses ou encore une liberté à être considérablement restreinte.

  • Le premier de ces piliers est la domination : l’idée selon laquelle dans notre société, le mâle domine. Chez la hyène tachetée, c’est la femelle qui tient ce rôle : même la moins puissante du groupe sera toujours placée au-dessus de tout mâle. Elles sont plus grandes, plus agressives, ont un accès prioritaire à la nourriture et possèdent même un « utérus phallique ».

 

  • Même si les choses tendent à évoluer dans nos préoccupations sociétales, l’inégalité des sexes sur la question de l’indépendance reste un sujet très actuel partout dans le monde. Il y a quelques siècles de ça ou dans certaines cultures, entretenir sa dame, nourrir sa famille, gérer les dépenses reste une affaire d’hommes. Chez la baudroie abyssale, le mâle est dépendant de la femelle, et pas qu’un peu : elle est l’objectif ultime de son existence. Au moment où il s’accroche à son ventre pour s’y accoupler, il va même jusqu’à fusionner avec elle ! Le sang de la femelle circulera dans son corps, ce qui lui permettra de survivre quelques temps, jusqu’à ce qu’il ne devienne plus qu’une sorte de testicule pourvoyeur de sperme.

 

  • Le troisième point est l’appétit sexuel, véritable pression quotidienne puisqu’un « vrai homme » se doit d’être performant à ce niveau… Même sans avoir eu aucune expérience auparavant. Mais à trop se focaliser sur ses propres performances, le résultat est souvent contraire à nos espérances. La femelle mante religieuse bat tous les records sur ce plan, puisqu’elle dévore littéralement son soupirant pendant l’accouplement.

 

  • La maternité est, comme son nom l’indique, une affaire de mère. En est-on si sûr ? Chez certaines espèces, comme l’hippocampe, ce rôle est reservé à monsieur : la femelle dépose ses oeufs dans la poche de son compagnon qui s’en occupera jusqu’à l’éclosion.

 

  • La dernière image évoque le donjuanisme : le goût pour les conquêtes multiples, voir l’infidélité. Ce comportement est en effet davantage associé au sexe masculin, mais surtout mieux toléré. Considéré de normal à glorieux, une femme adoptant le même comportement sera jugée pour ses écarts de conduite. On pense à Dom Juan, mais également aux harems, réservés au sexe masculin. Chez les serpents jarretières, c’est la femelle qui se réserve ce genre de plaisir : en sortant de sa période d’hibernation, elle libère des phéromones sexuelles attirant des dizaines de mâles, formant comme des orgies géantes appelées « boules nuptiales ». Ainsi, elle a la possibilité de choisir le meilleur père de sa future portée, mais aussi de profiter des caresses des autres concurrents. Ces orgies géantes se déroulent au Canada dans un endroit très précis ne dépassant par la taille d’un salon : les Narcisse Snake Pits.