Amour genre
Amour genre
Dotwork (rotring), 30 x 30 cm, 2017
Ces illustrations, entièrement réalisées au dotwork (technique point par point, notamment utilisé dans la pratique du tattoo), tendent à bousculer des pratiques amoureuses et sexuelles normatives hétérosexuelles. À travers le prisme du monde animalier – et ces 5 comportements, parmi tant d’autres -, on se rend vite compte que la nature ne se limite pas et fait preuve de bien plus de créativité que ce que le genre humain tend à nous faire croire. La construction de la masculinité se base sur différents piliers auxquels il faut savoir se tenir si l’on veut être un « homme, un vrai ». On connait hélas les conséquences néfastes qui découlent de cette rigidité : violences, répression émotionnelle, pression non négligeable. Voici donc quelques inspirations pour réinventer nos imaginaires et nos pratiques amoureuses, avec hu/amour.
- Le premier de ces piliers est la domination : domination par le mâle dans nos chères sociétés patriarcales avec les dégâts qu’on lui connait. Chez la hyène tachetée, c’est la femelle qui tient ce rôle : même la moins puissante du groupe sera toujours placée au-dessus du premier des mâles. Plus grandes et agressives, elles ont un accès prioritaire à la nourriture et possèdent même un « utérus phallique »…
- Même si les mentalités tendent à évoluer, l’inégalité des sexes sur la question de l’indépendance reste un sujet qui fait débat. Il n’y a pas si longtemps, entretenir madame, subvenir aux besoins familliaux et gérer les dépenses reste une affaire d’hommes. Chez la baudroie abyssale, le mâle est intrinsèquement dépendant de la femelle: elle est l’objectif ultime de son existence. Au moment où il s’accroche à son ventre pour s’y accoupler, il va même jusqu’à fusionner avec elle ! Le sang de la femelle circulera dans son corps, ce qui lui permettra de survivre quelques temps, jusqu’à ce qu’il ne devienne plus qu’une sorte de testicule pourvoyeur de sperme.
- Le troisième point concerne l’appétit sexuel, véritable pression quotidienne puisqu’un « vrai gars » se doit d’être insatiable et performant à ce niveau… Même sans avoir eu aucune expérience au préalable ! Mais à trop se focaliser sur ses propres performances, le plaisir d’offrir est souvent discutable… La femelle mante religieuse bat tous les records sur ce plan, puisqu’elle dévore littéralement son soupirant pendant l’accouplement.
- La maternité est, comme son nom l’indique, une affaire de mère. Chez certaines espèces, les pères ont eux-aussi droit à un congé paternité digne de ce nom : chez l’hippocampe, la femelle dépose ses oeufs dans la poche de monsieur qui s’en occupera jusqu’à l’éclosion.
- Le goût pour les conquêtes multiples ou le donjuanisme est davantage associé au sexe masculin, mais surtout mieux toléré. Glorieux pour ces messieurs, une femme adoptant le même comportement sera conduite au bûcher au moindre écart de conduite. Mais chez le serpent jarretière, c’est la femelle qui se réserve ce genre de plaisir polyamoureux : à la sortie de sa période d’hibernation, elle libère des phéromones sexuelles attirant des dizaines de mâles, formant comme des orgies géantes appelées « boules nuptiales ». Ainsi, elle a certes la possibilité de choisir le meilleur père pour sa future portée, mais aussi l’avantage de profiter des caresses de la concurrence. Ces orgies géantes se déroulent au Canada dans un endroit très précis ne dépassant par la taille d’un salon : les Narcisse Snake Pits.